Après trois ans d’activité, Mathieu Turon dresse le bilan de son « Pingouin Alternatif ».

« Il y a trois ans, en mai 2015, je réalisais un rêve : passer derrière ce fameux comptoir du café des Sports pour en devenir le nouveau patron ! Après huit années à Pau et malgré les circonstances malheureuses qui ont précipité la reprise de ce commerce, c’est avec un grand bonheur que je retrouve cet établissement pour qui le coup de foudre remonte à 1991.  Avec une pensée toujours affectueuse pour mon prédécesseur, j’y exerce désormais mon métier tel que je le conçois, au contact d’une clientèle fidèle, attachante avec qui des liens bien plus que commerciaux se nouent.

« Provincial » de Morlanne, je connaissais depuis déjà longtemps le fonctionnement propre à notre cher village mais même scolarisé, licencié de Tennis et de Basket durant de nombreuses années à Arthez, je reste malheureusement aux yeux de certains un élément rapporté du canton d’Arzacq et non un « arthézien de souche ». C’est d’ailleurs cette réalité qui a conditionné en partie le choix du nom de mon bar : « Le Pingouin alternatif ». « Pingouin » pour l’affection particulière et inexplicable que je porte à cet animal et « alternatif » pour justement dépasser ces vieux clivages stériles qui divisent et sclérosent la commune. Pour le fan des années 80 que je suis, je ne peux m’empêcher de penser à la série SANTA BARBARA et les querelles intestines des familles Capwell et Lockridge, à l’univers impitoyable de DALLAS et la lutte de pouvoir entre les Ewing et Barnes ou pour les cinéphiles amateurs de westerns spaghettis, l’affrontement des Baxter et Rojo autour d’une poignée de dollars…

Alternative aussi, car la musique que je programme offre un voyage musical (jusqu’alors inédit dans nos terres) en complément de la « musique traditionnelle locale » déjà bien implantée sur notre territoire.

En effet, la programmation « exigeante mais accessible à tous » affiche des groupes qui privilégient habituellement lors de leur tournée de grandes métropoles françaises ou européennes et c’est une grande fierté pour moi que de les accueillir. Par des prix abordables, j’œuvre au quotidien avec mes modestes moyens(et en partenariat avec l’association GUIT&GUITAR) pour que la musique se démocratise et s’épanouisse dans ce milieu rural trop souvent associé à un désert culturel. Après 3 ans d’activité, cet objectif est en passe d’être relevé car des concerts réguliers attirent en moyenne plusieurs dizaines de personnes venant parfois même de loin, Toulouse, Bayonne, Tarbes ou bien encore Nantes pour un groupe anglais rare dans le Grand Sud-Ouest: « Little Barrie ».

Alternatif encore par la diversité des animations proposées ponctuellement : spectacle de marionnettes et lecture de contes au coin du feu pour le jeune public, rassemblement de vieilles voitures de collection ou bien encore soirées dansantes pour entretenir la fièvre du samedi soir. Et pour projet à venir, l’organisation de débats citoyens autour de personnalités issues du monde médiatique.

Vous l’aurez compris, le bilan que je dresse devant vous est plus que positif et je tiens à remercier sincèrement tous ceux qui m’encouragent à poursuivre dans cette voie.

Malheureusement, je ne peux passer sous silence le manque total d’intérêt et de soutien du premier magistrat de la ville et de ses adjoints envers le « petit commerce » en général qui pourtant donne des signes de bonne santé avec l’ouverture du très bon restaurant « Lou Chabrot », le « Coin Cosy » et ses propositions originales, la « Vie en fleurs » qui redonne vie et couleurs à la place ou la reprise de la boucherie du Saubestre par un jeune artisan motivé et passionné. J’en profite d’ailleurs pour rendre hommage à ces nouveaux commerçants qui contribuent concrètement au mieux « Vivre ensemble » car je m’étonne que M.Garcia ne se félicite jamais lors de ces propres bilans devant la presse de la vitalité de l’offre commerciale sur le village.

En ce qui me concerne, mes rapports avec le maire ont toujours été cordiaux et ce jusqu’en juin 2017, date à laquelle une promesse non tenue a fragilisé la santé financière de mon commerce durant l’événement le plus important de la saison, ma fête de la musique. Dès lors naturellement, le dialogue a été de plus en plus difficile puis définitivement rompu suite à un entretien en mairie en présence de Nathalie Antic du « Coin Cosy », Anne, ma compagne, Monsieur Garcia et moi -même.  Après un échange surréaliste, j’étais contraint d’admettre que la défense du petit commerce était à M.Garcia ce que l’éthique est à Patrick Balkany. Évoquant l’utilité des commerces de proximité pour le lien social et le nécessaire soutien d’une municipalité, le maire avec un suffisant mépris avait alors coupé court en affirmant : « Le lien social n’existe pas, c’est un terme de bobos soixante-huitards attardés ! » …Fermez le banc !

Je vous épargne les basses menaces de fermeture de mon bar sous le prétexte de non-conformité et le rappel systématique d’un incendie intervenu il y a un peu moins de trente ans ! En fait, pour être franc avec vous, je pense que les critiques dithyrambiques relayées dans de nombreux blogs nationaux spécialisés semblent heurter l’égo surdimensionné de notre « résistant » potentat local. A l’époque où il fréquentait encore mon établissement et de façon prémonitoire il m’avait lancé sur le ton de la plaisanterie : « On te voit partout dans la presse ; si ça continue comme ça, tu seras plus connu que le maire d’Arthez » …chose somme toute relativement accessible. Aussi, suggérant l’idée d’un nouvel emplacement pour les commerçants du marché (au niveau des stationnements de bus avec vue sur les Pyrénées) pour enrayer le déclin de ce rendez-vous du samedi matin, mes propos ont été volontairement déformés par notre « madeleine de Proust de la municipalité » afin de me nuire. Profitant de la situation, cette élue du peuple a mené une campagne calomnieuse, mentant ouvertement en affirmant que je souhaitais que les commerçants payent leur emplacement, chose que je réfute avec la plus grande fermeté. Malheureusement le stratagème a fonctionné confirmant ainsi l’adage « diviser pour mieux régner » car depuis mon café n’est plus fréquenté par ces exposants avec lesquels j’entretenais pourtant de bons rapports.

Enfin, dans la même veine mais plus récemment, suite à cette malheureuse agression, un dernier propos public tenu par notre Maire sur les ondes de France Bleu le 22 février dernier m’a définitivement convaincu de m’exprimer à mon tour : « J’ai pensé démissionner […] mais je me suis dit non, c’est laisser la place aux cons et aux bons à rien ». Comment ne pas être atterré par ces propos détestables envers tout d’abord ceux qui le servent ou l’entourent- je ne sais plus trop- dans la gestion communale, envers l’opposition mais plus largement encore envers tous ceux qui souhaiteraient avoir un rôle à jouer dans le futur de la commune.

Moi-même me définissant comme un « Droitier-Gauchiste » selon l’expression d’Edgar Morin, je compte bien, malgré ces obstacles pénibles et cette crainte diffuse de s’exprimer, rester le défenseur de « la libre parole » car aucun sujet ne doit être tabou dès lors que le dialogue est basé sur l’écoute, la tolérance et le respect mutuel.  Alors, sachez que sans entamer une expédition vers les pôles, deux personnalités singulières, accueillantes mais conscientes de ne pas toujours pouvoir faire l’unanimité vous attendent les bras ouverts…Pingouins mais pas manchots !!!  »

Mathieu Turon.

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7 réponses à Après trois ans d’activité, Mathieu Turon dresse le bilan de son « Pingouin Alternatif ».

  1. Stéphanie B. dit :

    J’approuve

  2. Laurent dit :

    Je voudrais juste apporter une précision à propos de la phrase où tu parles, Mathieu, de « ce milieu rural trop souvent associé à un désert culturel ».
    Si c’est le cas parfois, ça ne concerne pas Arthez de Béarn. Depuis des décennies, des Arthéziens se battent pour développer et démocratiser la culture dans notre commune :
    – Concerts depuis 50 ans à la Chapelle de Caubin, stage de guitare pendant 20 ans.
    – Plus d’un demi-siècle de théâtre avec la Scène Arthézienne.
    – Chorales, associations de danse.
    – Spectacles de haut niveau avec les Saisons de la Culture.
    – Cinéma, Connaissance du Monde.
    – Festival des Partitions Bucoliques en Cœur de Béarn.
    – Théâtrales de Mourenx.
    – La Ronde des Savoirs.
    – La bibliothèque et ses nombreuses animations.
    – Journées du Patrimoine – Restauration des trois chapelles …
    … Et je dois en oublier !
    Maintenant, le Pingouin apporte autre chose, sur un nouveau créneau et c’est très bien.
    Dernière remarque : si les Arthéziens, y compris les élus, assistaient un peu plus nombreux aux spectacles proposés, les organisateurs seraient incités à développer l’offre culturelle. Hélas …
    Laurent Toral.

    • Stéphanie B. dit :

      Pour preuve, le spectacle japonais magnifique proposé par le biais de la bibliothèque : 5 mamans ! dont moi qui ne vit pas à Arthez. Dommage…..

  3. Williams STURZER dit :

    Bonsoir je tiens à intervenir pour dire qu’effectivement le marché serais mieux placé sur la grande place des bus déjà pour le problème de voirie comment coupé une route principale du village pour les autres commerces pas juste !! Puis aussi pour rappeler au maire de la commune que si il n’y a pas. De. Commerce dans ça ville comment fait t’il pour la développer ??? À l’heure d’aujourd’hui tout est bien pour une bonne vie sur la commune mais des modifications s’impose pour le marché et surtout pour la reconnaissance des commerçants et associations qui si dévoue !!

  4. Jean-François C. dit :

    Tout ce qui est de nature à vitaliser, dynamiser un territoire est à encourager, du moins à remarquer. Et il en faut pour tous les goûts , car la diversité culturelle est souvent synonyme de rencontres riches en émotions! Chacun apporte sa pierre à l’édifice, et cela permet de tisser du lien social positif .
    Chapeau bas pour ce commerçant qui gagne à être connu. Le « Pingouin alternatif » est, force est de constater, une source de propositions pertinentes pour notre village.

  5. MORERE HERVE dit :

    le marché hebdomadaire se réduit à peau de chagrin, pourtant il y aurait matière pour le redynamiser, nous avons autour de nous des producteurs divers pour faire vivre cette activité.Quant au lieu ,cela a été déjà évoqué, l’idée de le déplacer sur la place des bus serait opportune en premier lieu pour des raisons de sécurité( par où passent les pompiers en cas d’urgence? et je ne veux pas que l’on réponde comme cela a été fait « ils foncent dedans ») d’autre part la lisibilité pour les commerçants: la signalétique est ,ou périmée, ou absente, pour le bien de tous encore une fois, résidents du village et visiteurs divers(pèlerins notamment) il est urgent que l’on sache où l’on va.Autre point noir, l’éclairage du croisement au niveau du bureau de tabac qui s’éteint à 11 h , un peu limite non, quand celui du carrefour contact reste actif, les plots pododactiles pour passages piétons, là encore c’est un peu juste.
    Pour terminer en ce qui concerne ce qui enrichit le territoire, je veux parler des artisans, de toute sorte, et des activités de foires et marchés, tous proposent des solutions d’effervescence pour la circulation des marchandises bien sûr,mais aussi des idées: la diffusion de l’innovation et la rencontre des créativités. Les territoires qui accueillent ces artisans sont des territoires prospères. N’oublions pas ces gens qui contribuent à la stabilité sociale du territoire, de la société: ne pas les oublier c’est aussi faire un acte politique.Allez, ARTHEZ a besoin de toutes ses forces vives, debout.

  6. Clément b. dit :

    Bien dit, un commerçant d’utilité publique, à l’inverse au maire

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