« Les femmes ne sont pas une variable d’ajustement dans la crise »

Chaque jour à partir de 15 h 40, les femmes travaillent gratuitement.

À l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, il n’est pas inutile de rappeler que la crise sanitaire comporte de nombreux dangers pour les droits des femmes avec une augmentation des violences sexistes et sexuelles, des charges domestiques et familiales, de la précarité, mais aussi avec un droit à l’avortement fragilisé et des politiques publiques qui ont complètement mis de côté les questions d’égalité professionnelle. Chaque jour à partir de 15 h 40, les femmes travaillent gratuitement. Cette heure symbolise le “quart en moins ” de salaire.

De plus, depuis le début de la crise liée au Covid-19, l’utilité sociale de nombreuses professions à prédominance féminine a été mise en lumière et l’urgence de leur revalorisation est encore plus criante. Pourtant, les promesses de revalorisation de leur métier ont fondu comme neige au soleil. Pour mettre fin aux écarts de salaires et de retraites, il faut impérativement revaloriser les métiers à prédominance féminine : 76 % des caissiers et vendeurs sont des femmes, tout comme 91 % des infirmiers, 91 % des aides-soignants, 73 % des agents d’entretien, 97 % des aides à domicile et des aides ménagères.

> Tentation du retour en arrière

Le confinement a par ailleurs renforcé le poids du travail domestique sur les femmes : avec la fermeture de certains services publics, comme les écoles ou les crèches par exemple, le surplus a souvent été inéquitablement réparti entre les femmes et les hommes dans le foyer.

En novembre, un rapport de l’Organisation des Nations unies montrait que 60 % des femmes interrogées à travers le monde affirmaient avoir augmenté leur temps consacré aux tâches ménagères depuis le début de la pandémie, contre 54 % des hommes. Dans le détail, 45 % des femmes disaient passer plus de temps à faire le ménage, contre 35 % d’hommes, et 32 % des femmes affirmaient cuisiner davantage, pour 18 % d’hommes.

Toutes les crises ne produisent toutefois pas les mêmes effets : « s’il y a historiquement un lien entre les grandes crises politiques et l’élargissement des droits et libertés, les crises peuvent aussi faire reculer les droits des femmes, car elles créent des peurs, dont profitent les mouvements conservateurs, réactionnaires pour tenter de revenir en arrière en matière des droits des femmes« , explique l’historienne Christine Bard.

La syndicaliste Sophie Binet refuse catégoriquement que la crise économique et sanitaire serve de prétexte pour pousser les droits des femmes sous le tapis : « En cette période de pandémie, nous souhaitons interpeller et dire : “non, les femmes ne sont pas une variable d’ajustement” », martèle-t-elle.

(Sources L’Obs – 8 mars 2021)

(Sud-Ouest – Lundi 8 mars 2021)

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