La 3e conférence-débat, organisée le 14 mars par Mathieu Turon dans le cadre des jeudis culturels du Pingouin Alternatif, a permis à un nombreux public de venir écouter le célèbre sémiologue, professeur et écrivain, spécialiste de l’audiovisuel, François Jost. Le thème de la soirée était au cœur de l’actualité : la violence verbale dans les médias.
François Jost a proposé une analyse précise de la situation, revenant sur les origines du développement de cette méchanceté qui finit souvent en haine avant de se transformer en actes. Son diagnostic s’appuie sur trois facteurs déterminants : tout d’abord, la société du spectacle, le culte de l’apparence, l’importance du paraître (théorie inspirée de Guy Debord) qui incitent à se donner en spectacle pour devenir quelqu’un, à rechercher la célébrité pour exister ; le tout facilité par les réseaux sociaux.
Le 2e élément est le besoin de juger, l’évaluation généralisée, visant en réalité à rejeter, à exclure, à éliminer : « le plus souvent, juger c’est condamner », souligne le conférencier qui évoque le sociologue Béarnais Pierre Bourdieu parlant du « dégoût des goûts des autres ». Et il cite des exemples de fabrication dans les médias et les réseaux sociaux du dégoût de l’autre qui se concrétise par des jugements insultants dont la violence stigmatise les défauts d’autrui (y compris physiques).
Enfin, l’anonymat permet toutes les dérives et aboutit au dernier stade : la haine. On n’est plus très loin alors du passage aux actes.
> Un débat animé
Un débat dynamique et vivant avec le public a animé cette soirée passionnante : ont été abordés ainsi d’autres aspects comme le rôle de l’argent dans les médias audiovisuels, l’hypocrisie des pseudo-émissions de téléréalité.
Quant aux solutions pour lutter contre cette violence, elles restent à inventer (éducation ? suppression de l’anonymat ?) : mais le simple fait d’y réfléchir intelligemment, comme l’a permis cette rencontre, constitue déjà un moyen de progresser dans ce combat humaniste.