La 4e conférence-débat proposée par Mathieu Turon dans son bar du Pingouin Alternatif, jeudi 16 mai, a réuni une importante assistance, très intéressée par la rencontre avec le sociologue Michel Maffesoli.
Ce dernier, étonné de se trouver dans « ce lieu improbable », a offert une soirée de réflexion passionnante. Il a reconnu d’abord qu’il aimait la « disputatio », la discussion animée, le débat, et qu’il privilégiait volontiers la caricature pour avancer sur son « chemin de pensée » : en fait, ce qui l’intéresse, à la suite d’Aristote, c’est « poser bellement des questions »… sans donner nécessairement des réponses.
Il a donc résumé la réflexion, développée tout au long de ses ouvrages (dont le dernier qu’il qualifie lui-même de « pamphlet » : La force de l’imaginaire – Contre les bien-pensants), autour de la postmodernité. Dans un exposé parfaitement structuré, Michel Maffesoli a fustigé la culture du « linéarisme historique, de la barbarie à la civilisation », les mots qui « ne sont plus en pertinence avec ce qui est vécu », « l’appauvrissement de la pensée liée à la médiocrité de la médiacratie » et la « faillite des élites en déconnexion avec le concret ».
> Savoir écouter
Il dénonce donc les bien–pensants, au 1er rang desquels il cite les journalistes (« ère de la page de variété ») et les politiques, jouant un « opéra-bouffe ».
Cette « trahison des clercs » a pour conséquences, affirme le conférencier, l’apparition de discours de révolte, de haine, de racisme… Et il convoque les gilets jaunes dans le débat, reprochant à ceux qui ont « le pouvoir de dire » de ne pas « savoir écouter l’herbe qui pousse ».
Quand le « palais » s’oppose à la « place publique », rien ne va plus. Pour Michel Maffesoli, nous devons accepter d’entrer dans une période de renaissance, un « imaginaire postmoderne » : horizontalité et non verticalité, initiation et non éducation, idéal communautaire, partage des affects, progressivité enracinée dans la tradition, raison sensible avec conjonction de l’esprit et du sens, dans une « harmonie conflictuelle ».
Cette réflexion de haute tenue a captivé le public qui a participé ensuite à un débat riche et dense.
superbe résumé de Laurent, dommage encore une fois qu’un Maître ne puisse rassembler davantage d’élèves, début, me semble t’il de l’initiation .Un homme libre comme il aime à se définir, cela fait du bien, mais encore plus c’est de redonner aux mots leurs vraies définitions et leur nature. Ou quand une personnalité de renom vient à la rencontre du territoire, cela devrait donner des idées à certains sans pour cela qu’ils aient à faire un grand déplacement
Merci à Mathieu Turon de nous avoir proposé des débats d’une telle qualité et qui nous permettent de réfléchir au modèle de société dans lequel nous vivons… Et à ceux que nous devrons choisir pour demain.
Très belle initiative, vivement la prochaine entre quelques soirées de concerts mémorables.