Un moment inoubliable d’humour et de vérité avec François Morel.
Ceux qui disaient « le masque ne sert à rien ». Ceux qui disaient « et puis de toute façon, c’est pas facile à mettre ».
Ceux qui parlaient fort. Ceux qui péroraient. Ceux qui disaient « c’est le moment de faire des bonnes affaires en Bourse aujourd’hui ». Ceux qui disaient qu’il fallait faire des économies. Ceux qui ne savaient pas mais qui parlaient quand même. Ceux qui parlaient quand même sans savoir, mais qui en plus à la télévision, étaient payés. Ceux qui jamais ne disent « je ne sais pas ». Ceux qui n’arrivent jamais à se taire. Ceux qui continuent de l’ouvrir en ne sachant pas plus.
Ceux qui, après s’être rapidement excusés, avoir fait leur mea culpa sommaire parlent à nouveau, parlent toujours, parleront encore pour faire marcher le grand commerce de la machine à bavardage qui ne coûte pas cher et rapporte gros,
Ceux qui pieusement, ceux qui copieusement, ceux qui benoîtement reléguaient les directives d’un libéralisme assumé,
Ceux qui disaient que l’hôpital était une entreprise comme une autre, ceux qui enjoignaient l’ensemble des établissements hospitaliers à résorber le déficit, ceux qui d’un revers de main balayaient l’argumentation du personnel quand il alertait les responsables en disant « nous sommes déjà en sous effectifs », ceux qui disaient aux infirmières en colère « si la situation vous insupporte vous n’avez qu’à rendre vos tabliers », ceux qui devaient pleurer de honte dans les tabliers des infirmières, ceux qui étaient sourds face à la détresse du personnel hospitalier, ceux qui osaient dire que le suicide d’un cadre hospitalier sur son lieu de travail n’avait rien avoir avec la gestion d’un hôpital, ceux qui demain seront peut-être les mêmes pour diriger les hôpitaux et la politique de santé,
Ceux qui ont du travail, ceux qui n’en n’ont pas, ceux qui en cherchent qui n’en cherchent pas,
Ceux qui l’hiver se chauffent dans les églises, ceux qui regardent leur chiens mourir, ceux qui croupissent, ceux qui voudraient manger pour vivre, ceux qui n’ont jamais vu la mer,
Ceux qui profitent du confinement pour lire Prévert…
François Morel