« Petit billet optimiste à l’attention de mes concitoyens d’Arthez de Béarn,
À l’instar de la chanson de Sacha Distel, certains d’entre vous ont pu voir que j’avais accroché, non pas un ruban, mais une robe jaune au balcon du Coin Cosy. Il est remonté à mes oreilles que je ne devrais pas, que ce n’est pas bon pour moi, pour mon commerce….
A part moi, qui peut décider de ce qui est bon pour moi ?
Par cet acte, avec cet objet, ne voyez aucune volonté de heurter, simplement une protestation muette, le souhait de dire ma tristesse (et mon découragement parfois) au regard d’une situation générale devenue trop inégale, trop inéquitable, qui nivelle par le bas, qui encourage insidieusement les gens à se lever les uns contre les autres au lieu de faire front et de se soutenir.
La robe, c’est pour la femme que je suis, le jaune c’est pour le mouvement « gilets jaunes »,
contestataire évidemment, mais pacifique à la base, dont le message urgentissime d’un peuple dans le besoin fut perverti d’abord, écrasé ensuite.
Je ne crains pas de dire qu’en 2020, comme 9,5 millions de personnes en France, je vis en-dessous du seuil de pauvreté (qui est de 1091€/mois). Loin de moi l’idée de faire pitié, surtout pas. Non, je dis cela pour rappeler que travailler n’est plus signe de bien vivre, mais tout juste de survivre pour certains.
Même avec des aides. Plus personne n’est à l’abri.
La mode est à travailler dur et vivre sobrement, c’est mon cas. J’ai évacué le « non-essentiel » et me consacre à l’essentiel : ma famille et mes amis, mon entreprise et mes clients. Une vie douce malgré tout au regard de situations autrement plus précaires. J’aimerais ne pas avoir à compter parfois, mais j’aime mon métier, et je ne fais pas autant d’efforts pour en changer maintenant que les choses s’avèrent plus compliquées (momentanément je l’espère). D’autant que, si je traversais la rue aujourd’hui, ce n’est pas du travail que je trouverais mais un parking !
L’adage dit, « Qui ne dit mot consent » ; j’ajouterai, « qui ne dit maux consent ». Se taire c’est se perdre et je ne le souhaite pas. Alors, j’ai confiance en mes clients, ils connaissent ma bienveillance et comprendront ce sursaut de révolution.
Et, puisque l’heure est à la privation de nos moindres sources de joie, Au Coin Cosy, ma robe jaune continuera de danser légèrement au vent de l’optimisme inconditionnel qui souffle dans mon cœur et, tant que la volonté m’anime, je continuerai de vous accueillir avec le sourire.
N’attendez pas qu’on vous y autorise, Vivez.
Nathalie Nosjean. »
Les Non essentiels qu ils disent mais quand vient le temps de l’urssaf et de la TVA, là nous redevenons des essentielles.
Et oui je soutiens votre mouvement pacifiste car même si je peux continuer à travailler de 7h à 22h voire plus la rémunération n’est guère meilleure 890 € et surtout les clients frileux ne sortent pas ou très peux…..
Je vous souhaite du courage
Du courage nous n’en manquons pas pour continuer au même rythme pour un résultat si faible. Il nous faut garder un rythme pour ne pas perdre les pédales et être toujours là au retour à la normale, pour nos clients et pour nous.
Allez, haut les coeurs, battons-nous!
Très belle façon de contester
Oui, une fronde légère mais ferme. Pour ne rien lâcher.
Merci.
Bravo Madame, bravo d’oser dire ce que vous pensez, même si « ce n’est pas bon pour vous »…En ces temps d’auto censure le courage n’est pas la chose du monde la mieux partagée.
Oui, comme nous disions ce matin, on ne doit pas craindre de dire son ras-le-bol tant qu’on agresse personne. Inutile de se cacher derrière des conséquences hypothétiques par manque de courage. Il nous reste si peu.
Merci.
« Qui ne dit maux consent », très belle formule. Personne ne devrait vous empêcher d’exprimer ce que vous ressentez, fût-ce symboliquement, à travers cette robe jaune. Vous y avez certainement mis une signification différente de celle que ceux qui vous en ont fait le reproche ont voulu y voir. Je n’y vois que l’acte de résistance d’une femme qui refuse de souffrir en silence, et cela mérite le plus grand respect, n’en déplaise à certains.