Journaliste, écrivain, Éric Fottorino défend le kiosque et la presse papier. Une position à contre-courant mais qui ne l’empêche pas de rencontrer le succès depuis plus de six ans avec son hebdomadaire inclassable Le 1. Il a également lancé trois trimestriels : Zadig, America et Légende.
Éric Fottorino précise au journaliste Jérôme Citron de CFDT Magazine : « Avec Le 1, on a créé un objet sans publicité, parce qu’on a considéré qu’il fallait restaurer le plus possible la relation de confiance avec ses lecteurs. Cela passait par le fait de n’appartenir à personne ».
Au journaliste qui l’interroge sur l’idée de durée de lecture liée au journal papier, il répond : « J’aime cette idée de temps long. À une époque où l’on a érigé la vitesse en vertu cardinale, nous, au contraire, avons fait le choix de ralentir. On considère que c’est par ce ralentissement que l’on peut de nouveau voir les nuances, la complexité ».
Quant à la distinction entre le papier et le numérique, Éric Fottorino est formel : « Je pense que le numérique n’est pas un outil de compréhension ni d’approfondissement. C’est un outil de zapping, de surf, d’écran, de surface. On vit dans une société de surface, un société superficielle, et le numérique contribue à cette superficialité. le papier offre la chance de pouvoir réfléchir à un contenu sans être sollicité à tout moment, il donne la faculté de se concentrer. Il a d’ailleurs traversé le temps car il correspond à une diffusion du savoir qui est en phase avec la plasticité de notre univers cérébral, de notre univers cognitif. Tout ce qui concourt à le faire disparaître est, de mon point de vue, dangereux.
Cela ne veut pas dire que l’autre ne doit pas exister, cela serait idiot. Mais il est très dangereux de considérer que l’univers du savoir devrait être entièrement livré aux algorithmes, à l’intelligence artificielle, à tout ce qui finalement dépasse l’humain et peut finir par le trahir ».