Il y a deux ans quasiment jour pour jour, la France entamait sa première phase de confinement. Deux autres ont suivi. Pendant près de 130 jours, le covid-19 nous a contraint à vivre “confinés”.
- du 17 mars (à 12 heures) au 11 mai 2020 non inclus, soit 1 mois et 25 jours
- du 30 octobre au 15 décembre 2020 non inclus, soit 1 mois et 15 jours
- du 3 avril au 3 mai 2021 non inclus, soit 28 jours
> Le monde d’après ?
« Le monde d’après n’existe pas, il est déjà là. C’est un présent qui dure. Le monde d’après, dont on a beaucoup parlé lors du premier confinement, est devenu un terme de ralliement politique pour ceux qui veulent imaginer un monde meilleur ou revenir à celui d’avant. Cela n’existe pas, c’est une espèce de mythe, une construction imaginaire pour sortir de notre sidération, consumer notre peur. »
Michel Agier, anthropologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales
> La mutation de notre quotidien ?
Nous vivons un moment passionnant, une crise qui accélère la mutation de notre quotidien. Bien évidemment, après le confinement, la vie va reprendre… mais les choses ne seront plus tout à fait identiques. Nombre d’entre vous conserveront ces nouvelles habitudes prises pendant ces quelques jours de pause. Certains adopteront définitivement, au moins partiellement, le télétravail, d’autres ne retourneront plus dans un supermarché après avoir testé le « drive » et découvert des circuits de vente directe, ou encore relativiseront l’urgence permanente de certaines de nos activités inutiles.
Plus généralement, cette crise nous oblige à nous poser des questions sur notre manière de vivre et de consommer. Ainsi, les mutations en cours pourraient voir leur adoption accélérée par la population. Personne n’est aujourd’hui capable de savoir ce qu’il en ressortira, mais il semble acquis que l’après coronavirus ne sera pas totalement comme l’avant.
Guillaume Fonteneau
> Une crise qui ne va rien changer ?
La crise actuelle met clairement en lumière les caractéristiques dominantes du régime politique de chacun des State, qui deviennent en effet une version amplifiée d’eux-mêmes. Nous pourrions ainsi assister à une crise qui, au lieu de constituer ce tournant majeur que beaucoup annoncent pour la politique et l’économie au niveau mondial, au lieu d’orienter le monde sur une trajectoire significativement nouvelle, intensifierait et consoliderait en réalité les tendances existantes.
En somme, le Covid-19 pourrait bien ne pas changer – et encore moins inverser – les tendances qui étaient évidentes avant la crise. Le néolibéralisme poursuivra sa propre agonie. Les autocrates populistes deviendront encore plus autoritaires. L’hypermondialisation restera sur la défensive face aux revendications de marge de manœuvre politique des États-nations.
Dani Rodrik, professeur d’économie politique internationale à la John F. Kennedy School of Government de l’université Harvard.
- Mercredi 18 mars 2020 à midi :