Laïcité, féminisme et multiculturalisme étaient à l’ordre du jour de la conférence-débat organisée samedi 12 mars au Pingouin Alternatif. Mathieu Turon a accueilli l’enseignante et essayiste Fatiha Boudjahlat, en présence d’une quarantaine d’auditeurs très attentifs, pour une soirée plutôt animée. L’intérêt résidait évidemment dans le sujet très actuel et assez explosif : l’universalisme des droits des femmes.
La conférencière, s’affirmant de gauche, « chevènementiste et souverainiste », développa un discours engagé, extrêmement percutant, parfaitement argumenté et non dénué d’humour.
Pour elle, il est nécessaire de tout faire pour « favoriser l’émancipation individuelle et collective, afin de sortir de ses schémas de pensée et pouvoir se forger librement son opinion ».
Dans son ouvrage « Le grand détournement », elle fustige tous ceux qui, notamment à gauche, affichent « une tolérance qui confine au relativisme culturel ». L’acceptation de l’excision, du patriarcat et de comportements dictés par des motivations religieuses, « sous prétexte de différence culturelle et en opposition avec les lois de la République », est pour elle inadmissible.
> Contre le multiculturalisme
Elle combat sans hésitation le multiculturalisme qui favorise une « retraditionalisation » et permet à certaines communautés de n’obéir qu’à leurs propres lois (comme dans les pays anglo-saxons notamment).
Évoquant son livre « Contre le voilement », elle affirme que « le port du voile correspond à un système sexiste et misogyne qui, réduisant la femme à un organe génital, lui demande de réguler les appétits sexuels des hommes ».
Si c’est un choix, il faut l’assumer et accepter que ce choix ait des conséquences pénalisantes : « La loi de la République garantit les droits et doit s’appliquer à tous, avant les lois de la religion qui sont le meilleur moyen de contrôle de l’être humain ».
Fatiha Boudjahlat s’oppose aussi à la prostitution (qui repose toujours sur une subordination économique) et plaide pour des choix éclairés : « L’éducation est la clé de tout ».
Avant d’engager un intéressant débat avec le public, elle conclut : « Chaque femme a la même valeur et a droit à la même dignité où qu’elle soit ».