La conférence de rentrée du Pingouin Alternatif, jeudi 25 août, a donné la parole à deux professionnels de la justice : l’avocat Dominique Inchauspé (Arthez) et le juge d’instruction Pascal Gastineau (Morlanne). Le public, venu en nombre, s’est montré très intéressé par cette rencontre qui lui a permis de mieux connaître le fonctionnement de la machine judiciaire.
Le débat, animé par l’ancien journaliste de l’AFP et du Figaro Philippe Goulliaud (Mesplède), a donné l’occasion à chaque participant d’exprimer sa vision de la vérité.
Pour Pascal Gastineau, qui s’exprimait en tant que vice-président de l’AFMI (Association française des magistrats d’instruction), le juge recherche sans cesse la manifestation de la vérité : « Nous défendons la Loi. C’est un long combat auquel nous consacrons tous nos efforts. » Il reconnaît d’ailleurs que la durée de l’instruction, due souvent à un manque de moyens, génère une lenteur parfois préjudiciable.
Dominique Inchauspé, de son côté, explique qu’un avocat pénaliste n’a pas la même position : « Nous défendons une thèse. Quand le prévenu que nous assistons nie les faits, nous nous efforçons de reconstruire une vérité qui peut être opposée à la vision du juge. »
> La justice n’est pas laxiste
À partir d’exemples intéressants tirés de leur expérience professionnelle ou d’affaires célèbres, les deux intervenants sont tombés d’accord sur quelques points importants : influence très relative des médias, attitude délicate par rapport au monde politique, problème majeur de la cybercriminalité, rôle déterminant des avancées scientifiques (graphologie, balistique, ADN…), intérêt du « plaider coupable » qui allège et accélère la procédure, longueur de la détention provisoire (5 ans et 8 mois), nécessité des peines alternatives…
À propos de la partie civile, le juge doit veiller à ne pas se laisser instrumentaliser et l’avocat à ne pas laisser la souffrance de la victime prendre le pas sur la vérité.
« Contrairement à une idée répandue, souligne Pascal Gastineau, la justice n’est pas laxiste, elle applique la loi… qui d’ailleurs évolue souvent. »
Et les deux professionnels ont conclu par un plaidoyer en faveur du maintien du juge d’instruction qui « accomplit un vrai travail indépendant d’investigation et constitue un luxe dont la justice française ne saurait se passer. »