TotalÉnergies envisage d’implanter des panneaux photovoltaïques flottants sur le lac de l’Aubin à Doazon.
Ce projet est mené en codéveloppement avec le GIE (Groupement d’intérêt économique) Gaves Adour qui regroupe 63 ASA (Association syndicale autorisée en hydraulique agricole) dans les P-A. « La surface utilisée par la centrale serait de 6 ha maximum (près d’1/4 de taux d’occupation du lac de 26 ha), avec 3,5 ha de panneaux, pour une puissance possible de 3 à 7,7 MW et une production équivalant à la consommation électrique de 2350 à 7000 personnes », affirment les porteurs du projet.
Les responsables de l’ASA de l’Aubin propriétaire du lac, précisent : « Le projet est pour l’instant en attente d’autorisations administratives car nous devons respecter une législation sur l’eau contraignante ».
Guy Estrade, président du groupement des irrigants 64 et du GIE, confirme être dans l’expectative, d’autant que le gouvernement a promis « un allègement des normes ».
> Franche opposition
Mais ce projet est loin de faire l’unanimité. Sur les 185 habitants de la commune, 25 foyers ont exprimé leurs doutes ou franche opposition sur le registre mis à leur disposition en mairie, du 15 au 31 janvier, à propos de la définition des zones à énergies renouvelables.
La plupart des remarques évoquent la « nuisance visuelle » qui dégraderait « ce site majestueux », la « perturbation de l’écosystème » de ce site « classé espace naturel sensible par le CRENA (Conservatoire régional des espaces naturels d’Aquitaine) en 2006 », ou encore la « dépréciation de la valeur immobilière » engendrée. La plupart sont plutôt « favorables aux installations solaires sur les bâtiments publics et hangars agricoles »… Quelqu’un se demande : « Pourquoi ne pas poser les panneaux autour du bâtiment de pompage et directement sur les rampes d’arrosage ? »
Les pêcheurs de l’AAPPMA Le Pesquit ne sont pas d’accord non plus et veulent « préserver ces sites avec de forts enjeux halieutiques, écologiques et touristiques ».
Il est dit aussi que « les collectivités locales doivent avoir voix au chapitre pour éviter que nos campagnes ne deviennent des zones industrielles diffuses ».
À ce sujet, le conseil municipal de Doazon, réuni vendredi 16 février, s’est dit favorable uniquement aux installations photovoltaïques en toiture, comme sur la Maison pour Tous.
> Mêler les usages
Guy Estrade défend le projet en rappelant que c’est le propriétaire qui supporte toutes les charges : « L’eau stockée permet certes l’irrigation mais aussi le soutien d’étiage en période de sécheresse, tout en profitant aux promeneurs et aux pêcheurs. Or, le coût des taxes et de l’entretien repose uniquement sur le propriétaire et l’agriculture subit actuellement une crise financière très importante ».
Le président des irrigants estime donc que « ces panneaux flottants ne causeront pas une grande gêne visuelle et sont une des solutions pour pérenniser ce lieu d’intérêt majeur pour tous ». Et Guy Estrade de conclure : « Il faut arriver à mêler tous les usages sans créer d’opposition. Je souhaite qu’on puisse sortir intelligemment de cette situation ».
Enfin, il faudra tenir compte aussi du PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal) en cours d’élaboration sur le territoire qui entend « valoriser les atouts paysagers : cours d’eau, lacs, espaces de randonnées ».
- Quelques extraits des remarques protées sur le registre de la mairie :