
Le collectif ‘Sauvons Pomps’ sera mobilisé ce mardi pour le conseil municipal où sera votée l’implantation du méthaniseur.
Le maire de Pomps prévoit une unité de méthanisation sur un terrain agricole lui appartenant. Un collectif s’inquiète des nuisances et indique avoir déposé une plainte pour conflit d’intérêts.
Les projets de méthanisation font rarement l’unanimité. Celui-ci se passe à Pomps, 300 habitants, près d’Arthez-de-Béarn. Il est porté via la société Demeter par Claude Fourquet, agriculteur en bio, et maire de la commune depuis 30 ans. Un investissement d’un peu plus de 9 millions d’euros est prévu, dont 900 000 euros de fonds propres, 1,52 million de subventions de l’Ademe et la Région et un emprunt bancaire de 6,71 millions.
Le méthaniseur, qui doit être construit par l’entreprise Arkolia sur un terrain appartenant à Claude Fourquet et démarrer fin 2026, « permettrait une production de gaz équivalente à 8 243 MWh, soit la consommation de 1 030 foyers environ ». Le projet vise à « permettre d’éviter les émissions de 1 921 tonnes de CO2 ».
Concrètement, l’unité doit être approvisionnée par une quinzaine d’exploitations agricoles situées dans un rayon de 20 kilomètres. Lisier, cannes de maïs et déchets verts de collectivités sont censés fournir environ 26 000 tonnes par an, soit 70 tonnes par jour. Outre la production de biométhane, le digestat liquide et solide obtenu doit permettre un épandage dans les champs des exploitants partenaires.

À Pomps, des banderoles ont fleuri un peu partout dans le village pour s’opposer au projet de méthaniseur.
> « Transition énergétique »
« Ce projet permet de s’inscrire pleinement dans la transition énergétique par la production d’une énergie renouvelable, plaide Claude Fourquet. La méthanisation constitue une production d’énergie verte structurante pour le territoire. » Et d’assurer que Demeter est « une aubaine pour les apporteurs de matières, grâce aux gros tonnages de déchets verts qui procurent des quantités de minéraux et de matière organique importantes ».
L’installation entend ainsi « pérenniser les structures agricoles par l’amélioration de leurs marges ». Pour les élevages, « les frais d’épandages seront pris en charge par la méthanisation », et pour les apporteurs de résidus de cultures, « la fourniture de digestat leur permet de réduire leurs achats d’engrais minéraux ».
« Le méthaniseur serait tout près du bourg : à 250 mètres de l’église, à 180 mètres de la salle des fêtes, et autour se trouvent 30 % à 40 % des maisons du village »
Mais les arguments ne séduisent pas unanimement en local. Un collectif baptisé Sauvons Pomps rassemblant une centaine de personnes s’est créé. Il a bardé le village de banderoles, et lancé une pétition en ligne qui a recueilli à ce jour un peu plus de 1 000 signatures.
« On s’oppose totalement à ce projet ! lance un membre du comité mobilisé. Le méthaniseur serait tout près du bourg : à 250 mètres de l’église, à 180 mètres de la salle des fêtes, et autour se trouvent 30 % à 40 % des maisons du village. »
> Odeurs, bruits, etc.
Les riverains craignent d’être affectés par les nuisances liées à la mise en service de l’installation, et à l’épandage dans les champs. Odeurs, bruits, et ballets incessants de camions figurent parmi les principales conséquences redoutées. Comme en attestent les 340 observations déposées sur le site de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques dans le cadre de la consultation publique qui s’est achevée le 28 mai.
L’un des participants demande ainsi au préfet de considérer « non pas l’intérêt de la méthanisation dans l’absolu mais le bien-fondé de l’installation d’un méthaniseur de type industriel au cœur même d’un village ». Ils citent en exemple l’unité géante de Total Énergies à Mourenx, qui a régulièrement généré des nuisances olfactives pour les riverains depuis son lancement début 2023. « Le plus grand méthaniseur de France » qui a poussé sur le bassin de Lacq possède cependant des capacités près de dix fois supérieures au projet de Pomps.
Le village et la commune voisine de Geüs-d’Arzacq avaient d’ailleurs gagné la bataille contre la multinationale qui projetait d’installer de vastes silos de digestat issus de ses installations mourenxoises, trois à Pomps et deux à Geüs (journal Sud-Ouest du 20-12-2024).
Le maire Claude Fourquet et ses administrés s’étaient alors unis dans ce combat, ce que n’a pas manqué de souligner « Le Canard enchaîné » dans son dernier numéro. Le journal s’étonnant que le même élu ait lutté contre un site de stockage de déchets pour ensuite « en faire construire un plus grand encore sur… un terrain agricole qu’il possède ». « Le non à TotalEnergeies était une décision d’urbanisme, s’insurge le maire céréalier et éleveur. Ce genre de projet doit être porté par des agriculteurs et non des industriels. »
Aujourd’hui, l’édile voit donc se dresser face à lui une fronde d’habitants bien décidés à contrecarrer ses projets. Une soixantaine de personnes ont d’ailleurs prévu de se rassembler ce mardi 3 juin à 19 h 15, lors du conseil municipal de Pomps au cours duquel doit être votée l’implantation du méthaniseur. Une partie du collectif Sauvons Pomps annonce par ailleurs avoir déposé une plainte au pénal contre Claude Fourquet pour conflit d’intérêts.
Luce Gardères – Journal Sud-Ouest – 1er juin 2025