À quoi ça sert d’avoir tout arrêté … si c’est pour tout reprendre comme avant ?

Bruno Latour, sociologue, anthropologue et philosophe des sciences, est classé parmi les dix chercheurs les plus cités en sciences humaines. Il jouit d’une très forte notoriété dans le monde académique anglophone.

Vendredi 3 avril, il était sur France Inter l’invité de Nicolas Demoran et a développé des idées percutantes sur la crise sanitaire et la manière dont nous devrons en tenir compte. Son discours, très agréable à écouter, est empreint de simplicité, de sagesse, d’évidence et de sincérité.

Voici quelques extraits des propos de Bruno Latour :

– Parler de guerre n’a aucun sens. Les microbes ont des différences de virulence. Et chaque pays donne, à cause de son système de santé, de sa préparation, une virulence à ce virus.
– On ne se bat pas contre un virus, on essaie de s’accommoder, de s’arranger avec. C’est pour ça qu’on est confinés, pour avoir le moins de contact possible… et en même temps, on veut bien le rencontrer, sinon on ne sera jamais immunisé.
– La nouveauté, c’est la capacité qu’a le virus de profiter de la globalisation. Imposer un régime de viralité à M. Trump et M. Macron en quelques semaines c’est assez stupéfiant.
– À quoi ça sert d’avoir tout arrêté, de s’emmerder à être confiné chez soi, si c’est pour, après le confinement, tout reprendre comme avant ?
– Ce serait terrifiant de ne pas profiter de cet arrêt général pour infléchir sur le système actuel dont nous savons qu’ils nous précipite vers une catastrophe face à laquelle le virus actuel est un minuscule problème.
– On disait qu’il était impossible de tout arrêter, on l’a fait en deux mois (…) Si on ne profite pas de cette situation incroyable pour voir ce qu’on garde ou pas, c’est gâcher une crise.

Entretien complet à écouter ci-dessous :

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2 réponses à À quoi ça sert d’avoir tout arrêté … si c’est pour tout reprendre comme avant ?

  1. MEYER Hubert dit :

    On sait bien que ce n’est pas la troisième guerre mondiale ! Mais vous oubliez que ce discours s’adresse à la majorité des Français, pour laquelle, sans intention d’insulter quiconque, le QI moyen est loin d’égaler le votre … Donc un discours, avec des mots compréhensibles, c’est un discours qui « porte », pas un galimatias imbuvable sauf peut-être pour les postulants et autres assidus de l’Académie Française …

  2. Laurent dit :

    Quel mépris pour cette « majorité des Français » qui comprennent en fait bien mieux qu’on ne le croit !
    Le « galimatias imbuvable » est plutôt souvent celui de certains politiciens qui préfèrent abreuver les citoyens de discours infantilisants, au lieu de leur parler comme à des gens intelligents et responsables.
    Les propos de Bruno Latour sont clairs, simples et justes : il emploie avec précision les mots qu’il faut et parie sur l’intelligence des gens pour les aider à élever leur niveau de réflexion.
    Albert Camus, qui a contribué lui aussi à rendre les hommes plus intelligents, affirmait : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. »
    Tout est dit !
    Laurent Toral.

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