Le manifeste des 343, surnommé par la suite manifeste des 343 salopes, est une pétition française parue le dans le no 334 du magazine Le Nouvel Observateur.
C’est, selon le titre de la pétition parue à la une du magazine, « la liste des 343 Françaises qui ont le courage de signer le manifeste “Je me suis fait avorter” », s’exposant ainsi à des poursuites pénales pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement. L’avortement en France était à l’époque illégal, et pratiqué clandestinement dans des conditions risquées ayant conduit parfois jusqu’à la mort.
La France assiste alors à un appel pour la dépénalisation et la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse qui ouvre la voie à l’adoption, quatre ans après, de la loi Veil, marquant ainsi une grande avancée dans les libertés accordées aux femmes.
Le manifeste, rédigé par Simone de Beauvoir, commence par ces phrases :
« Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. »
> Une égalité réelle dans tous les domaines
Cécile Prieur, directrice de la rédaction de L’Obs, évoque dans son éditorial du N° 2944, l’héritage des 343 : « Cinquante ans après le manifeste, le féminisme est en effet plus vivant que jamais, porté par le mouvement #MeToo qui a hissé la parole des femmes au premier rang du débat public. S’exprimant dans toute sa diversité, il a multiplié ses revendications et étendu le domaine de la lutte. Sphère intime comme sphère publique, refus de la violence sous toutes ses formes, accès aux responsabilités et aux postes de pouvoir, prise en compte des oppressions spécifiques aux minorités : les femmes d’aujourd’hui ne veulent plus « seulement » disposer librement de leur corps, elles revendiquent une égalité réelle dans tous les domaines, comme en témoignent une dizaine d’entre elles interrogées dans notre dossier spécial. En réclamant bien plus qu’« un siège à la table », elles bousculent les codes et remettent en question les positions établies. Et exigent dorénavant un nouveau partage entre hommes et femmes, dans un constant manifeste pour une société post-patriarcale ».
> 1971/2021 : 50 ans plus tard, 343 femmes et personnes pouvant vivre une grossesse déclarent avoir avorté au-delà des délais légaux français.
« L’allongement des délais de l’interruption volontaire de grossesse est synonyme d’une plus grande liberté, c’est un pas vers plus de justice et d’égalité. Député.e.s et sénatrices.eurs ont l’opportunité d’allonger les délais du droit à l’avortement de 12 à 14 semaines de grossesse.
Nous appelons femmes et personnes concernées, allié.e.s, décideurs.ses politiques à s’engager pour cette avancée essentielle pour les droits des femmes. Faisons ensemble de 2021 l’année du CHOIX. »