Boris Cyrulnik a été invité à l’Institut de santé publique de Bordeaux (ISPED) pour donner une conférence sur la compréhension de l’épidémie de Covid-19 et ses traumatismes individuels et collectifs.
À la question de la journaliste de Sud-Ouest Isabelle Castéra « À quoi faut-il s’attendre désormais ? », il répond :
« À un bouleversement social. Simplement, parce que dans l’Histoire, chaque fois qu’il y a eu une épidémie, cela s’est suivi par un bouleversement social. Les inégalités se sont creusées, et je ne sais pas si la sortie de l’épidémie au moment des élections est une bonne ou une mauvaise nouvelle. Bref, après une épidémie, il se produit trois phénomènes.
- Le premier ? On répète l’hyper-civilisation, transports à gogo, consommation à ou-
trance et dans trois ans on a un nouveau virus. - Le second ? Les gens sont tellement malheureux qu’ils cherchent un sauveur et c’est la porte ouverte aux dictateurs qui escroquent le peuple : Bolsonaro ou Erdogan ont été élus démocratiquement…
- Le troisième ? La reconnaissance d’un nouveau contrat social. Et c’est ce qu’on espère tous, une remise à plat, des débats passionnés, des nouvelles lois, des discussions, mais tout cela risque d’être pollué par la violence. »
> Boris Cyrulnik est né le 26 juillet 1937 à Bordeaux au sein d’une famille juive ashkénaze. Médecin neurologue, psychanalyste, psychiatre, c’est lui qui a vulgarisé en France le concept de résilience, même si, admet-il modestement, « je ne l’ai pas inventé, je l’ai travaillé, organisé et précisé au travers d’études avec plusieurs groupes ». Boris Cyrulnik a été sauvé in extremis de la déportation, lors de la rafle du 10 janvier 1944 à la grande synagogue de Bordeaux, où il était détenu. Il s’est caché dans les toilettes, avant d’être sauvé par une infirmière.
(Suite de l’interview dans le journal Sud-Ouest du jeudi 17 février 2022)