Dans l’éditorial du journal La République des Pyrénées de ce lundi 17 août 2020, Jean-Michel Helvig estime, à propos du Puy-du-Fou, que « si scandale il y a, ce n’est pas que ce spectacle vendéen se déroule mais qu’ailleurs on ne mette pas tout en œuvre pour que festivals et spectacles de l’été aient lieu ».
A propos de l’éducation des enfants, à une mère de famille qui demandait un jour à Freud comment il fallait s’y prendre, celui-ci avait répondu qu’on fait de toute façon toujours mal. On pourrait transposer la réflexion à la gouvernance d’une épidémie comme celle du Covid-19, ce qui n’exonère en rien les pouvoirs publics des erreurs qu’ils peuvent commettre mais devrait inciter à écouter les interpellateurs, procureurs et autres « je-sais-tout » des plateaux télé ou colonnes de journaux avec une certaine… distanciation. Que des dispositions gouvernementales soient édictées à vocation générale et l’on dénoncera le mépris des pouvoirs locaux, que des décisions soient prises localement et l’on s’indignera qu’elles instaurent un « deux poids, deux mesures. »
L’affaire du Puy-du-Fou est significative à cet égard.
Voilà un spectacle d’art vivant, dont on peut penser ce que l’on veut du contenu et de son concepteur, Philippe de Villiers, mais qui draine un large public, séduit par sa scénographie éblouissante. Comme toute manifestation de ce genre, elle tombe sous le coup de l’interdiction générale des rassemblements de plus de 5 000 personnes. Mais le préfet, le 15 août, l’a autorisée par dérogation – ce que la loi sanitaire lui permet – à accueillir 9 000 personnes. Un prétexte invoqué a été que dans le département, le taux de circulation du virus est inférieur à 1 donc propice à desserrer la contrainte, argument imbécile (il devrait être justement préservé), alors qu’en réalité les organisateurs ont présenté toutes les garanties (port du masque obligatoire, tribunes séparées, gel disponible en abondance) que le spectacle de plein air serait pleinement sécurisé au plan sanitaire.
L’on a immédiatement suspecté une trouble connivence entre le président de la République et le « fou du Puy », alors que si scandale il y a, ce n’est pas que ce spectacle vendéen se déroule mais qu’ailleurs les préfets, élus locaux et producteurs ne mettent pas tout en œuvre pour que les festivals et spectacles de l’été aient lieu, chaque cas devant bien sûr être apprécié en fonction de la taille de la salle, de sa ventilation, mais surtout du strict respect par le public du port du masque et des gestes barrières.
Il est à craindre que cette faculté de déroger aux règles générales n’ayant pas été utilisée par les autorités compétentes, cela ait d’ores et déjà condamné à la faillite, sinon à des pertes abyssales, le secteur du spectacle vivant. Sans parler des cinémas, lieux d’exposition soumis à des réglementations tatillonnes dont l’inspiration semble moins issue de considérations sanitaires objectives que d’une logique dite de « précaution » revenant en fait à ce que chaque décideur ouvre le parapluie juridique pour prévenir d’éventuelles poursuites ultérieures.