« La démocratie représentative n’est pas la vraie démocratie »

Les conférenciers ont présenté la vraie démocratie comme « une hypothèse vertigineuse ».

Une cinquantaine de personnes ont participé avec grand intérêt, samedi 10 février, à la conférence proposée au Pingouin Alternatif sur le thème de la démocratie.

Barbara Stiegler et Christophe Pébarthe, respectivement professeure de philosophie et maître de conférences en Histoire Grecque à l’université Bordeaux Montaigne, ont animé un débat passionnant autour de leur ouvrage « Démocratie ! Manifeste ».

Leur théorie est basée sur l’observation du fonctionnement de la démocratie athénienne (6e s. av. J.-C.) : « À l’époque, la démocratie se comprend comme le pouvoir du peuple assemblé, qui doit assurer l’intérêt général ».

Aujourd’hui, la démocratie est devenue « un objet insaisissable » : les conférenciers ont souligné en effet la contradiction fondamentale entre cette conception originelle de la démocratie où « le peuple est appelé à se gouverner lui-même » et la nôtre où « le peuple ne gouverne pas mais confie le pouvoir à des représentants ». Au final, « c’est une élite sociale, et même parfois un seul individu (le président de la République), qui décide de l’intérêt général, souvent contre la volonté du peuple ».

> Peuple incompétent

Les conférenciers précisent qu’ils ne portent pas de jugement moral (bien/mal). La justification de ce type de gouvernement représentatif est que le peuple serait « incompétent à avoir une connaissance globale ». Pire, les théories néolibérales expliquent que « les populations sont mentalement en retard sur le réel » et que « seule une élite est capable de s’adapter aux évolutions de la société et donc à la mondialisation ». Pour les conférenciers, c’est « une trahison de la notion de démocratie ».

L’individu a certes « le droit de voter, de s’exprimer, de manifester, mais pas de gouverner ».
La démocratie est « une fabrique d’opinions ensemble, dans une vraie délibération où est acceptée la confrontation ». C’est « une élaboration permanente, un processus jamais terminé ».

La riche discussion avec le public a permis de préciser de nombreux points concernant l’intérêt général (supérieur à l’intérêt particulier), la démocratie participative (un leurre)…

Les conférenciers ont conclu sur leur conviction profonde que « la vraie démocratie, comme logique collective de délibération, serait le meilleur régime pour affronter les crises ».

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