Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon

Ce mercredi 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon.

En photo, quelques-uns des résistants de l’affiche rouge, dans la cour de la prison de Fresnes, avec l’Arménien Missak Manouchian (6e en partant de la droite). Ils faisaient partie des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée. Ils furent arrêtés en novembre 1943. Les 22 hommes seront fusillés le 21 février 1944 au fort du Mont-Valérien. Olga Bancic, la seule femme du groupe, est décapitée le 10 mai à Stuttgart, en application du manuel de droit criminel de la Wehrmacht interdisant alors de fusiller les femmes.

> Des libérateurs présentés comme des terroristes

Tout de suite après, une affiche est placardée en 15 000 exemplaires sur les murs de France. Le tract qui l’accompagne présente ces libérateurs de l’intérieur comme un ramassis de tueurs : « Si des Français pillent, volent, sabotent et tuent, ce sont toujours des étrangers qui les commandent. Ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent. Ce sont toujours des juifs qui les inspirent. C’est l’armée du crime contre la France. Le banditisme n’est pas l’expression du Patriotisme blessé, c’est le complot étranger contre la vie des Français et contre la souveraineté de la France ».

Dernière lettre de Missak Mabouchian à Mélinée

> Strophes pour se souvenir

Louis Aragon (1897 – 1982) a composé ce poème, extrait du Roman Inachevé en 1955, en mémoire du groupe Manouchian :

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

  • Léo Ferré en a fait une chanson magnifique :

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